Selon un nouveau sondage multi-pays, une majorité absolue de citoyens souhaite que leur gouvernement agisse pour accélérer les progrès en matière d’égalité femmes-hommes

3 mar 2021

Selon un nouveau sondage multi-pays, une majorité absolue de citoyens souhaite que leur gouvernement agisse pour accélérer les progrès en matière d’égalité femmes-hommes

New York/Paris, 28 janvier 2021 — Un sondage international inédit révèle que la population mondiale soutient fortement l'égalité des sexes : une grande majorité de femmes et d’hommes attend que les gouvernements et le secteur privé prennent des mesures pour faire reculer les inégalités persistantes entre les sexes. L’étude révèle que les femmes et les filles du monde entier subissent de façon disproportionnée les conséquences de la pandémie de Covid-19 en matière de santé physique et mentale, mais aussi des impacts notables sur leurs perspectives professionnelles et économiques. La majeure partie des personnes interrogées - 80 % en moyenne dans les 17 pays étudiés - déclarent que l'égalité des sexes représente une priorité personnelle, et 65 % estiment d’ailleurs que leur gouvernement devrait en faire davantage pour promouvoir l'égalité dans leur pays.

Ce sondage mondial interrogeant les perceptions citoyennes est publié dans un nouveau rapport de Women Deliver et Focus 2030. Il porte sur 17 pays répartis sur cinq continents, dont les habitants représentent la moitié de la population mondiale.

Les résultats de ce sondage sont publiés deux mois avant le Forum Génération Égalité, un rassemblement mondial pour l'égalité femmes-hommes, présidé par ONU Femmes et co-organisé par les gouvernements du Mexique et de la France. Ce forum, qui sera inauguré à Mexico en mars 2021 et dont le point d’orgue aura lieu à Paris en juin 2021, offrira aux gouvernements, au secteur privé et à la société civile une occasion unique de s’engager à prendre des mesures ambitieuses et concrètes pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. En outre, il permettra d’encourager l'action politique et d'obtenir des engagements financiers pour la période 2021-2026 en faveur de mesures visant à faire progresser les droits et les opportunités des femmes dans le monde. Pour 61% des personnes interrogées, leur gouvernement doit saisir l’opportunité de ce forum pour accroître le financement des initiatives en faveur de l'égalité des sexes.

A la lecture des résultats de ce sondage inédit, Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe des Nations unies et directrice exécutive d'ONU Femmes a déclaré : « 2021 promet d'être une année charnière pour l'accélération des progrès mondiaux en matière d'égalité des sexes. Le Forum Génération Égalité demandera aux gouvernements, aux entreprises, à la société civile et aux personnes de tous âges et de tous horizons dans le monde entier de prendre des engagements audacieux pour faire de l'égalité des sexes une réalité ». Elle a ajouté : « À un moment aussi critique, il est réconfortant de voir que l'opinion publique mondiale est non seulement à nos côtés, mais qu'elle nous pousse à faire davantage. Le monde affirme que l'égalité des sexes ne peut plus attendre. Nous pouvons et nous devons l’atteindre pour notre génération, et elle doit être intersectionnelle et intergénérationnelle. »

En dépit de 26 ans de progrès depuis la Conférence mondiale sur les femmes de Pékin en 1995, qui avait représenté une étape historique pour l'avancée des droits des femmes, aucun pays n'a pleinement respecté ses engagements en matière d'égalité des sexes. Plus de la moitié des filles et des femmes dans le monde, soit 2,1 milliards de personnes, vivent dans des pays qui ne sont pas en mesure d'atteindre des objectifs cruciaux en matière d'égalité des sexes d'ici 2030.

« Nous avons fait beaucoup de progrès en matière d'égalité des sexes au cours des 25 dernières années, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Aujourd'hui, avec la Covid-19, alors que les femmes endossent un rôle majeur dans la lutte contre la pandémie au cœur de la société et au sein de leurs familles, elles doivent également faire face à un fardeau supplémentaire énorme dont nous pourrions voir les conséquences se manifester dans les années à venir », a déclaré Divya Mathew, Responsable plaidoyer à Women Deliver.

Mené entre le 24 juillet et le 7 août 2020, le sondage dresse un état des lieux des expériences et des perceptions du public à propos de six grands thèmes liés à l'égalité des sexes. Il permet également de mesurer la manière dont la pandémie de Covid-19 a affecté le quotidien, les moyens de subsistance et la santé mentale des personnes interrogées. Les sondés ont aussi été interrogés sur leurs expériences personnelles en matière de discrimination fondée sur le genre, sur leurs attitudes à l'égard des pratiques sexistes et sur leurs convictions quant aux origines de ces discriminations.

Les principales conclusions sur ces questions sont les suivantes :

  • 82% des personnes interrogées dans les 17 pays de cette étude reconnaissent l’importance d’impliquer les femmes dans tous les aspects des réponses à apporter à la crise sanitaire. Ce pourcentage contredit la réalité des faits : si les femmes représentent 70 % des travailleurs en première ligne pendant la crise sanitaire, elles ne représentent actuellement que 24% des décideurs chargés d’organiser les réponses pour faire face à la pandémie de Covid-19. Il est donc indispensable d'adopter une approche genrée en associant davantage les femmes aux réponses apportées à la crise sanitaire.
  • La crise sanitaire a un impact significatif sur les femmes (notamment âgées de 18 à 44 ans), qui s’avèrent être plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir subi un stress émotionnel et à avoir fait face à une augmentation des tâches domestiques.
  • Les jeunes, en particulier les jeunes femmes, attendent de leur gouvernement qu'ils fassent progresser l'égalité des sexes. Trois jeunes femmes sur quatre (âgées de 18 à 24 ans) dans l'ensemble des 17 pays interrogés attendent de leur gouvernement qu’il augmente les financements alloués en faveur de l'égalité entre les sexes dans leur pays à l'occasion du Forum Génération Égalité.
  • En moyenne, 57 % des femmes ont déclaré avoir subi une forme de discrimination fondée sur le genre au cours de leur vie. Les taux de discrimination les plus élevés ont été observés dans les pays à revenu intermédiaire comme le Kenya (83 %), l'Inde (81 %) et l'Afrique du Sud (72 %).
  • Dans l'ensemble, pour faire progresser l'égalité des sexes, mettre fin aux violences basées sur le genre constitue la priorité majeure. Il s’agit notamment de lutter contre le harcèlement en ligne, les agressions sexuelles, les mariages forcés, le mariage des filles et les mutilations génitales féminines.
  • Aux États-Unis, les répondants se déclarant noirs ou afro-américains sont moins nombreux à estimer que l'égalité des sexes a progressé au cours des 25 dernières années, par rapport aux répondants se déclarant blancs. Une telle différence n'a été observée dans aucun autre pays, pas même dans ceux ayant un passé documenté de discrimination raciale tel que l'Afrique du Sud.

Le soutien du public en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes est majoritaire quelles que soient les générations, les orientations politiques et les catégories socio- économiques des répondants. Si les femmes montrent généralement un soutien plus important que les hommes à l’égalité des sexes, la grande majorité des hommes y sont également très favorables. Les jeunes de moins de 25 ans, les femmes en particulier, sont plus nombreux à attendre de leur gouvernement qu’il prenne des initiatives pour faire avancer l’égalité des sexes.

Dans le cadre de ce sondage, les répondants ont été invités à donner leur avis sur six grandes questions relatives à l'égalité des sexes à propos desquelles leur gouvernement devrait s’engager à l’occasion du Forum Génération Égalité :

  1. La violence basée sur le genre,
  2. La justice économique et les droits économiques,
  3. Le droit à disposer de son corps et la santé et les droits sexuels et reproductifs,
  4. L’action des femmes en faveur de la justice climatique,
  5. Les technologies et l'innovation au service de l'égalité entre les femmes et les hommes, et
  6. Les mouvements et le leadership féministes.

Bien qu'il existe un large soutien en faveur d'une plus grande égalité entre les sexes, des attitudes discriminatoires à l'égard des femmes persistent et continuent d'entraver les progrès visant notamment à mettre fin aux violences domestiques ou à combler l'écart de rémunération entre les sexes. Au rythme actuel, il faudrait encore un siècle pour parvenir à l'égalité professionnelle, politique et économique entre les femmes et les hommes dans le monde entier.

Dans ce contexte, le sondage présente les engagements qu’attendent les citoyens vis- à-vis des décideurs, offrant ainsi un plan d’action permettant aux parties prenantes d’identifier les engagements et investissements les plus pertinents en faveur de l’égalité femmes-hommes.

« Notre sondage révèle à quel point l’égalité femmes-hommes est devenue une aspiration universelle ne souffrant aucune exception culturelle. Une majorité de citoyens soutient l’égalité femmes-hommes dans les 17 pays couverts et aspire à plus d’engagements de la part de leur gouvernement. Le prétendu obstacle du manque desoutien de l’opinion publique à ces enjeux est un argument obsolète » a déclaré Fabrice Ferrier, directeur de Focus 2030. « Rien n’empêche désormais les décideurs du monde entier – sinon leur volonté politique - de répondre aux besoins les plus urgents des filles et des femmes et de prendre les mesures qui s’imposent en faveur de l'égalité entre les sexes » a-t-il ajouté.