Dans le cadre d’un projet financé par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada (CPVP), le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF), l'Alliance des maisons de 2e étape pour femmes victimes de violence conjugale (Alliance MH2) et le Lab 2038 ont dévoilé le rapport « Protéger la vie privée pour prévenir l’homicide conjugal : état des lieux des besoins en maisons d’hébergement de 2e étape et recommandations aux fournisseurs de services et outils numériques » (.pdf).
Le rapport de recherche traite de l'impact de la divulgation d'informations d'identification des femmes hébergées dans des maisons d'hébergement en deuxième étape par les fournisseurs de services et les outils numériques. Il met en évidence les risques et les inquiétudes en matière de confidentialité pour les victimes de violence conjugale et propose des recommandations à l'attention des fournisseurs privés et publics de services et d’outils numériques. Le rapport souligne également l'importance pour les intervenantes de créer un environnement sécurisé pour les résidentes en favorisant leur autonomisation et en les aidant à se reconstruire après la violence subie.
Les personnes aux prises avec la violence conjugale sont confrontées à un modèle de menace absolument unique en ce qui a trait à la protection des renseignements personnels et à la sécurité de l’information. Effectivement, ces personnes sont confrontées à des acteurs de menace motivés, persistants et, parfois, disposant de connaissances poussées en informatique. De plus, ce qui distingue les risques propres à la violence conjugale des modèles de menace plus traditionnels est le fait que les acteurs de menace sont également des personnes qui disposent d’une connaissance détaillée et intime de leur victime.
Depuis 2016, le CDÉACF a un engagement : aider les intervenantes en violence conjugale à faire sens des enjeux associés au numérique. Au fil des années, nous avons constaté, et continuons de constater, la grande force des intervenantes. Elles doivent constamment s’adapter pour assurer autant que possible la sécurité physique, psychosociale et maintenant technologique des femmes qui font appel à elles. Mais parler de technologies, c’est s’attaquer à un domaine en constante et rapide évolution dont certains déterminants structurels (capitalisme, ressources matérielles, rapports de pouvoir, etc.) limitent nos actions individuelles.
Dans ce contexte, il est impensable de reporter intégralement le fardeau de la sécurité technologique sur les seules épaules des intervenantes et encore moins des femmes victimes de violence conjugale. La publication de ce rapport de recherche est donc une invitation aux différents fournisseurs de services numériques, publics et privés, à se joindre à ce nécessaire effort collectif. C’est en effet grâce à une action concertée et plurisectorielle que nous réussirons, nous l’espérons, à enrayer le fléau de la violence faite aux femmes, qu’elle soit physique ou facilitée par la technologie.
Dans le cadre du projet, une boîte à outils et une formation ont été développées spécifiquement pour outiller les intervenantes. |