Les organismes en décrochage scolaire s’inquiètent de l’augmentation des inégalités et appellent à l’action

24 sep 2020

Les organismes en décrochage scolaire s’inquiètent de l’augmentation des inégalités et appellent à l’action

Montréal, le 23 septembre 2020 – Quelques semaines suivant cette rentrée scolaire si particulière, le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCLD) rappelle que des milliers de jeunes porteront le poids de trop nombreuses inégalités malheureusement exacerbées par la crise sanitaire. Alors qu’un élève sur quatre n’obtiendra pas son diplôme d’études secondaires avant l’âge de 20 ans, le ROCLD profite de la 2e édition de la Journée du Refus de l’Échec Scolaire pour interpeller le gouvernement afin que la valeur d’égalité soit replacée au cœur du système d’éducation. Il salue également la détermination des familles, des organismes communautaires et de tout le personnel des établissements d’enseignement qui travaillent ensemble à offrir les meilleures conditions d’apprentissages aux jeunes du Québec dans un contexte scolaire unique.

Sous la thématique « Misons sur l’égalité pour s’accrocher », la Journée du Refus de l’Échec Scolaire vise à mettre en lumière les causes systémiques liées au décrochage scolaire, telles que la défavorisation, la fracture numérique, la médicalisation des difficultés des jeunes et la reproduction des stéréotypes de genre. Des causes qui dépassent toute la persévérance et la volonté individuelle des jeunes, des parents et des équipes-écoles.

« Les derniers mois ont été critiques pour des milliers de jeunes Québécois qui, regrettablement, feront les frais de nombreuses injustices de notre système éducatif. Nous avons aussi vu sur le terrain toute la solidarité qui peut exister dans les communautés et la collaboration nécessaire entre le milieu communautaire et les écoles pour soutenir les jeunes plus vulnérables. Maintenant, il est primordial de se rappeler que tout n’est pas l’affaire de responsabilités individuelles et qu’en tant que société, il est de notre devoir d’instaurer des mesures concrètes pour assurer la réussite éducative de tous les jeunes et ainsi ne laisser personne de côté », souligne Mélanie Marsolais, directrice générale du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage.

Miser sur l’égalité, c’est…

Afin de réduire ces inégalités, plusieurs mesures concrètes peuvent être mises en place telles que lutter contre la pauvreté, arrêter de placer les jeunes dans des classes séparées selon leur rendement et leur statut socioéconomique, veiller à ce que tous les jeunes aient accès à un appareil numérique branché à internet haute vitesse ou même garantir un accès gratuit et universel à des services de soutien psychosociaux alternatifs à la médication pour tous les jeunes et leur proche.

« Miser sur l’égalité, c’est également valoriser des liens de collaboration réels entre l’école, les familles et la communauté. C’est donner les moyens aux organismes communautaires de lutte au décrochage, alliés des écoles, de soutenir la réussite éducative et scolaire des jeunes et d’accompagner ceux qui ont décroché », ajoute Mme Marsolais.

Sur le terrain, partout au Québec, les 56 organismes communautaires de lutte au décrochage soignent les effets des inégalités portés par les jeunes en les accompagnant et en les soutenant dans la reconstruction de leur estime de soi, de leur autonomie et de la confiance qu’ils ont envers les adultes qui les entourent. 

Des inégalités creusées par la crise

En contexte de crise sanitaire, les inégalités ont été creusées et la fermeture des écoles a eu un impact négatif disproportionné pour de nombreuses familles plus vulnérables. L’origine sociale constitue le premier facteur de la réussite à l’école et le décrochage diffère drastiquement lorsque l’on compare les jeunes des milieux les plus favorisés à ceux des milieux plus défavorisés. Dans certains quartiers plus vulnérables, le nombre de jeunes en situation de décrochage est même 1,4 fois plus élevé.

Par ailleurs, dans les derniers mois, les outils numériques sont devenus des conditions essentielles à l’accès à l’éducation. Au Québec, on estime qu’encore 54 700 foyers avec au moins un enfant de 15 ans et moins ne sont pas branchés à internet haute vitesse. Les conséquences de cette fracture numérique ont donc été amplifiées par la crise alors que des milliers de jeunes ont été privés de ressources pédagogiques.

Le ROCLD craint également que la médicalisation de certaines problématiques familiales, sociales ou scolaires représente encore davantage une solution économique, rapide et privilégiée  par le système pour répondre aux difficultés vécues par les jeunes et leurs familles. Au Québec, un jeune sur cinq a reçu un diagnostic de troubles anxieux, de dépression ou de troubles alimentaire, et un jeune sur quatre a reçu un diagnostic de TDAH. En raison de la pandémie, l’accès aux services de soutien psychosocial a malheureusement été encore davantage limité, ce qui pourrait mener à un accroissement inquiétant de ces diagnostics et d’une approche par médication.

Puis, une conception genrée du décrochage scolaire circule selon laquelle le décrochage affecte davantage les garçons et les actions mises en place doivent être adaptées au sexe masculin. Or, 40 % des jeunes qui décrochent sont des filles et les conséquences économiques, sociales et familiales de l’échec scolaire sont encore plus importantes chez elles. Leur situation est donc tout autant préoccupante que celle des garçons en situation de décrochage.

À propos du ROCLD

Le ROCLD représente 56 organismes d’action communautaire autonome qui œuvrent en lutte au décrochage (OCLD), répartis dans quatorze régions du Québec. Plus de 900 employé.e.s et 2 200 bénévoles offrent un accompagnement et un soutien adaptés aux besoins spécifiques de plus de 7 000 jeunes en difficultés, ainsi qu’un accompagnement à 4 000 parents, et ce, chaque année.

Pour joindre votre voix au ROCLD, rendez-vous au www.refus-echec-scolaire.ca, ou encore réagissez sur vos plateformes sociales en utilisant les mots-clics #JRES #PERSONNEDECÔTÉ. La Journée du Refus de l’Échec Scolaire est organisée conjointement avec l’Association de la fondation étudiante pour la ville en France qui tient cette année sa 13e édition.

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Information : Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage
Renseignements :
Ariane Richard
Morin Relations Publiques
ariane@morinrp.com